Bicycle road trip

Arrivés à Imabari à la nuit tombée, notre passage dans cette ville fut très bref. Il se résume en une promenade dans la rue commerçante couverte, à un excellent moment autour d’un repas de Yakitori et à une vue nocturne du château. 

Le lendemain, tôt, nous prenons la direction de notre auberge suivante, sur l’île de Hakata. Située entre les îles principales de Honshu et de Shikoku, cette île et ses voisines sont reliées par de très beaux ponts, impressionnants par leurs architectures. 

De là, nous avons changé de mode de transport. Pour une journée, fini la voiture, nous sommes sur deux roues et le moteur fonctionne à notre force physique. Le soleil est au rendez-vous et de belles descentes nous attendent, le long d’une mer bleu turquoise. 

En début d’après-midi, le ciel commence à devenir gris et menaçant. Et c’est sous une pluie soutenue que nous entamons notre périple retour avec de belles montées. 

Trempés nous rendons nos vélos juste avant le temps limite et prenons un petit casse-croûte pour nous requinquer avant de retourner à notre auberge. 

Après cette aventure, le bain de l’auberge est une vraie aubaine. Température idéale, usage individuel, espace pour s’étendre et se détendre de tout son long. 

C’est propre et reposé que nous partons en quête d’un restaurant ouvert sur cette petite île.

Le lendemain, nouveau départ pour Hiroshima.

Hiroshima

Sans même une courbature aux fesses, nous roulons le long de la piste cyclable mais cette fois-ci en voiture. Nous passons par les différents ponts observés la veille, bien plus rapidement. Notre objectif est Hiroshima, notre ville la plus à l’ouest du voyage, nous resterons deux nuits dans une sympathique guest house.

Arrivés pour midi dans le cœur d’Hiroshima, nous en profitons, malgré une pluie soutenue, pour visiter le centre-ville. La météo est à l’image de ce que l’on ressent dans ce lieu. Le mémorial de la paix est un vaste parc, parsemé de nombreux témoignages de victimes de la bombe atomique. Cependant, malgré la lourde perte encore vécue aujourd’hui, cet espace cherche à diffuser un message de paix. Il semble crier, à travers de nombreuses œuvres, « personne ne devrait vivre un drame pareil ». 

Le monument le plus symbolique est le Palais d’exposition industrielle, plus communément appelé le dôme de la bombe atomique. Il s’agit d’un des seuls bâtiments resté debout malgré la bombe. Ses ruines tiennent bon et sont maintenues en l’état comme un rappel constant de ce qu’il s’est passé ici.

De nombreux touristes visitent également le mémorial de la paix des enfants, mais ils sont vite eux-mêmes encerclés par des rangs d’élèves de tous âges. Ils viennent honorer un devoir de mémoire envers les jeunes victimes, emportés dans le souffle de la bombe. Aux pieds du monument de la paix des enfants, des écoliers avec des guirlandes de grues en papier dans les mains, viennent chanter et déposer leurs vœux.

Au Japon, la tradition veut que si on arrive à plier un millier de grues en papier, on voit son vœu exaucé. Sadako Sasaki, âgée de 2 ans au moment de l’impact de la bombe a succombé aux conséquences des radiations de la bombe 10 ans plus tard. Elle entama durant ses nombreux séjours à l’hôpital la confection de grues en papier dans l’espoir de voir son vœu de guérison se réaliser. Décédée avant de terminer, ses camarades de classe finirent pour elle. De cette histoire, la grue en origami est devenue un symbole de paix.

La flamme éternelle de la paix à Hiroshima

Le plus marquant dans toute la ville sont les témoignages des victimes au sein du musée mémorial de la paix. Le bâtiment se dresse sur le même axe que le dôme et la flamme de la paix, sobre. Nous voyons par les baies vitrées des personnes s’agiter à l’intérieur. Dans la salle d’exposition, il n’y a pas de lumières extérieures, les témoignages sont éclairés par des spots. L’ambiance est solennelle et malgré le monde, le volume sonore reste très faible. Les uns derrière les autres, au rythme des lectures de notre prédécesseur, on avance. Quand les dires deviennent trop lourds, comme après le témoignage d’une mère trouvant le corps de ses enfants dans les décombres de sa maison ou d’une fillette perdant ses cheveux en se vidant de son sang, on avance plus vite. On ne supporte plus ce que l’on lit et les objets parlent souvent d’eux-mêmes. On sort de la salle et on devient les personnes à l’intérieur qui s’agitent devant les baies vitrées. Nous partageons brièvement notre ressenti, s’étaler serait inutile, le même sentiment est partagé. 

Miyajima

Le lendemain matin, nous sommes partis en direction de Miyajima, célèbre pour son torii et son jumelage avec le mont Saint-Michel en France. Cette île est accessible en 10 minutes de bateau et directement, sans avoir accosté, nous apercevons le tor… l’échafaudage qui protège le torii. C’est déçu de ne pas le voir que nous posons le pied sur l’île. Pas besoin de plan, nous suivons les autres passagers jusqu’au sanctuaire principal. 

Arrivés à marée haute, nous avons visité le temple Itsukushima-jinja avec les pilotis dans l’eau. Nous nous sommes promenés dans l’île, flânant entre boutiques et sanctuaires, entre les souvenirs japonais et les statuettes religieuses. 

Accompagnés de nombreux cerfs, nous avons passé une agréable journée ensoleillée à parcourir les petits chemins. L’île a bien d’autres atouts que le torii.

Nous rentrons avec la nuit à notre auberge et partons rapidement le lendemain pour Himeji et son célèbre château.