Après ce bref passage dans les rues de Kyoto, nous posons nos valises aux pieds de la chaîne de montagnes qui forme le Koyasan. Deux jours, un temple bouddhiste pour hôtel et six Européens en quête de découvertes : une expérience unique. 

Pour profiter de l’expérience complètement, nous avons opté pour dormir dans un temple. Accueillis par un moine, nous sommes conduits à nos chambres. Une de deux et une de quatre, futons déjà préparés, moelleux. On nous explique le fonctionnement des bains, des repas et des cérémonies. Un programme qui chamboule notre rythme intense : 

  • 7h : sutras pour guérir les maux du monde 
  • 7h30 : déjeuner type “shôjin ryôri”
  • 17h30 : repas type “shôjin ryôri”
  • De 16h à 21h : accès au bain chaud et douches communes

Avec en bonus de superbes tenues de moines (fortement conseillé de les porter durant tout notre séjour)

On a appris le premier jour qu’être à l’heure c’est déjà être en retard. On se faufile et suit assidûment le chant des moines. Dans nos tenues, on se prend facilement au jeu et nous sommes touchés par la spiritualité de la cérémonie. Nous imitons les gestes des adeptes et suivons les consignes des moines pour accomplir la prière du matin. 

À genoux devant l’autel, devant nous se trouvent du sable et un morceau de charbon incandescent. On nous invite à en prendre une pincée, porter les grains vers notre front et les reposer sur la braise. 

Après avoir nourri notre esprit, il était temps d’en faire de même avec notre corps. Un déjeuner très complet et de type “shôjin ryôri”, avec du riz et une multitude de petits plats contenant de nombreux légumes dont nous ne connaissions pas l’existence. Le tout accompagné d’une tasse de matcha. Un régal drastique.

La cuisine shôjin ryôri est la cuisine des moines bouddhistes. Elle est consommée par les moines et croyants du bouddhisme chinois. Le terme japonais shôjin ryôri peut se traduire par “cuisine de la dévotion”. En quelques mots, il s’agit de cuisiner sans “prendre la vie” (principe fondamental du Bouddhisme). Il n’y a donc pas de viande ou de poisson. Mais il n’y a pas non plus d’oignon ou d’ail car les consommer revient à les tuer puisqu’on mange leur bulbe. La shôjin ryôri est donc végétarienne, voire végétalienne car certains n’utilisent pas d’œufs non plus.

Ce que l’on appelle le Koyasan est un plateau où se trouvent de nombreux temples importants pour le bouddhisme ésotérique. Des édifices impressionnants et remplis d’histoire que nous avons visité une bonne partie de notre journée. Une grande porte marque l’entrée de ce lieu de pèlerinage et nous empruntons un petit sentier sur le côté. Ce chemin était, dans le temps, utilisé par les femmes qui ne pouvaient pas accéder au Koya-san. Il mène au temple nyonin-dō (女人堂) où elles venaient prier.

Nous retournons ensuite manger notre repas de fortune au temple et repartons ensuite pour le cimetière. Une belle nuit claire et de nombreuses lanternes guident nos pas à travers les tombes. À la lueur d’une frontale, nous apercevons des grenouilles, des crapauds mais le plus impressionnant ont été des écureuils volants. On les voyait grimper et sauter d’arbre en arbre. 

L’ambiance du cimetière avait plus un côté mystique et mystérieux plutôt que terrifiant. Un excellent terrain de jeu pour photographe en herbe. Une visite guidée est disponible pour en savoir plus sur les habitants et les bâtiments du cimetière.

Le lendemain, nous étions déjà des habitués des lieux. C’est ce jour-là que le typhon Hagibis, le plus gros de la saison, a décidé de pointer ses nuages. Sous une pluie torrentielle et un vent tempétueux, nous chargeons nos affaires rapidement et prenons la route vers Takamatsu avant que le temps nous en empêche.