Lieu incontournable pour observer les feuilles d’automne, les chutes de Minoh (ou Minoo) sont hautement appréciées par les habitants d’Osaka et sa banlieue. Après une bonne heure de trajet en transport en commun, nous arrivons à l’entrée du « sentier » touristique. Le chemin est bordé de boutiques, pour l’instant fermées. De beaux bâtiments traditionnels, des ryokan pour la plupart, longent les bords de la rivière Minoh située en contrebas. On imagine que lorsque l’on est en haute saison, cet endroit doit grouiller de monde. Il faut savoir profiter aussi des bons côtés d’une crise sanitaire.

Le chemin est très familial en raison de sa simplicité et fait de la visite des chutes une sortie très appréciable pour les habitants d’Osaka. Malgré un temps maussade, la bruine, et nos nombreux arrêts photos « jolis arbres rouge et jaune », nous arrivons rapidement aux chutes. De nombreuses personnes en profitent pour manger, boire et se reposer. Des stands de nourriture abreuvent les quelques personnes non prévoyantes. Nous nous approchons afin de voir ce qu’ils proposent. En premier lieu, nous goûtons la spécialité locale. Nos professeurs et les élèves de Vincent nous ont fortement conseillé de manger des feuilles d’érable enrobées dans une pâte beignet croustillante, les momiji tempura. De très bons conseils ! C’était si délicieux que la portion n’a duré que deux minutes. 

Ensuite, Claire a été intriguée par de petits poissons qui grillaient doucement sur le comptoir d’une échoppe. L’odeur du poisson grillé embaume le lieu. Tentée, elle en prend un malgré les réticences de Vincent. Mais dès la première bouchée, l’appétit de Vincent prend le dessus et il dévore près de la moitié du succulent poisson, malgré les arêtes. L’apéro fini, nous partons en quête d’un petit coin où manger notre pique-nique japonais, composé essentiellement d’onigiri. 

En début d’après-midi, nous entamons la deuxième partie de notre venue en ses lieux : une randonnée. 

Suivant les diverses cartes se trouvant sur les routes, nous arrivons à un centre d’information, départ de nombreux chemins à travers la montagne. Après un rapide tour du bâtiment, nous partons sur les chemins pour atteindre un temple. La randonnée n’est pas très compliquée malgré quelques passages un peu fatigants. Depuis quelques randonnées, Claire fait de nombreux efforts pour ne pas râler. Cela manquerait presque à Vincent qui, au rythme de ces jérémiades, pouvait créer une cadence de marche. 

Après un peu plus d’une heure dans les bois, le chemin aboutit à une barrière avec un portillon. Un écriteau uniquement en japonais nous fait hésiter un instant. Ayant grandi tous les deux dans une région où certains sentiers traversent les champs des vaches, ce genre de portillon ne nous est pas inconnu. Il suffit de bien fermer derrière nous.

Nous arrivons au temple et sommes agréablement surpris de constater qu’il s’agit d’un temple dédié aux Daruma. Il s’agit de figurines en papier mâché qui représente Bodhidharma, religieux indien d’une secte bouddhique à l’origine de la création du bouddhisme zen. La légende raconte qu’il a vécu 150 ans. Il aurait par ailleurs médité pendant neuf ans causant la perte de ses bras et jambes. Cela explique d’ailleurs la forme “culbuto” des figurines. Aujourd’hui le rituel de ces figurines de daruma consiste à dessiner un premier œil en noir en formulant un vœu mentalement. Lorsque ce vœu se réalise, il faut dessiner le second œil.

De nombreuses petites figurines sont placées un peu partout dans le temple, à des endroits tantôt farfelus, tantôt idéalement placés devant un beau décor de fond. Seul ou en amas, c’est un grand plaisir de les photographier, surtout si, comme Vincent, on aime faire des flous artistiques. Ceux-ci ne sont pas des daruma classiques en papier mâché à dessiner mais des versions plus simples et plus solides.

Au loin, nous entendons des mantras dont nous cherchons l’origine. Hélas, ceux-ci sont simplement retransmis par des hauts-parleurs. Nous poursuivons notre visite, passons à côté de mariés en tenues traditionnelles. 

L’entrée du temple est symbolisée par de grands portillons rouges, gardés par deux statues ressemblant à des dieux. Derrière cette porte, un pont un peu mystique émerge de la fumée d’un étang. Ce dernier est surplombé d’un autel aux couleurs vives, mélange de doré, rouge et noir. 

Peu importe où le regard se tourne, c’est un spectacle magnifique qui se déroule sous nos yeux. 

Nous arrivons à la boutique du temple et là… stupeur, l’entrée est payante. Coupables, on décide d’acheter des momiji tempura afin de participer à notre manière à la vie du temple. Nous quittons les lieux pour prendre un bus qui nous ramènera à la civilisation. Mais hélas, il est trop tard… Nous voilà sur le bord des routes, 2 km nous séparant de la fin des chutes de Minoh. Haut les cœurs !

Arrivés à l’entrée du « sentier » touristique de Minoo, nous prenons un petit réconfort : un petit sachet de feuilles d’érable. Une bonne douceur avant de repartir chez nous.