Le long de la mer d’Okhotsk

C’est dans une bonne tempête de neige que nous reprenons la route vers le sud. Le départ fut calme, mais dès le littoral de la mer d’Okhotsk rejoint, la neige et le vent se sont invités et nous ont bien fait peur. Nous avons quand même pu voir pour la première fois de la « glace dérivante » sur la mer (« drift ice » en anglais, appelée aussi « banquise de mer » ou « banquise dérivante »). C’est très impressionnant de voir cette glace se déplacer au gré des vagues et des courants pour former d’immenses étendues blanches au milieu de la mer.

Plus ou moins denses selon les endroits, cette glace se densifie parfois assez pour que l’on puisse marcher sur la mer.

Entre deux bourrasques de vent, nous nous arrêtons pour profiter de ce spectacle dont nous ne nous lassons pas.

La première ville-étape de notre retour vers le sud est Abashiri. Le soleil commence à pointer le bout de son nez en même temps que nous nous approchons de la ville.

Abashiri

Les principaux intérêts de la ville sont son musée de la glace dérivante et son musée de la prison. Le premier est très intéressant pour mieux comprendre la formation de cette glace qui n’existe que grâce à des conditions géographiques bien particulières (îles, mer d’Okhotsk…). On y aperçoit également la vie qui se forme sous cette glace. Nous avons aussi pénétré dans une salle à -15°, une attraction où l’on peut voir la rapidité de congélation d’une serviette humide. Elle est décorée avec de vrais morceaux de glace et des animaux empaillés. 

Le musée de la prison retrace la vie et le rôle qu’ont eues les prisons dans le développement de Hokkaido. En effet, au moment de coloniser les vastes territoires de l’île, le gouvernement japonais a décidé d’envoyer de nombreux prisonniers pour développer les infrastructures routières et ferroviaires. Cette main-d’œuvre a été indispensable au développement de l’île. Le musée est également une reconstitution d’une ancienne prison.

Lac Kussharo et Mashu

Nous continuons notre road-trip effréné direction les alentours du parc Akan, constitués de grands espaces, volcans, lacs et forêts. Cette étendue de nature, traversée par le train qui relie Abashiri à Kushiro, abrite une faune et une flore magnifiques et sauvages. 

Nous commençons par le lac Kussharo. Il se trouve sur le trajet migratoire des cygnes chanteurs. À notre arrivée, ce sont des dizaines de volatiles qui profitent de la générosité de touristes pour manger et faire trempette sur les rives du lac. Ce lac, ces cygnes et les montagnes nous ont rendus légèrement nostalgiques de notre chez nous. 

Nous avons pris ensuite la direction d’un autre lac de caldeira, le lac Mashu. Une caldeira (ou caldera) est un cratère volcanique, parfois un lac s’y forme. Ce lac possède des eaux si transparentes qu’elles prennent la couleur du ciel qu’elles reflètent. Par chance, le temps était de notre côté et nous a offert un paysage teinté d’un bleu profond. 

Dans notre journée chargée, nous nous rassurons en imaginant le bon bain chaud qui nous attend le soir à notre hôtel-onsen. Mais au moment de rentrer l’adresse dans le GPS, il s’avère que l’établissement est sur Honshu, pas vraiment sur le chemin. On cherche donc un nouveau logement, heureusement, la période touristique n’a pas encore commencé et nous trouvons un hôtel sur Kushiro. Mais qui dit Kushiro, dit Tsurui et son sanctuaire des grues japonaises. Claire veut les photographier avec le beau temps alors au milieu du trajet, changement d’objectifs. Passage par un chemin de traverse afin d’arriver avant la fin du jour. Grand bien nous a pris car nous avons vu de grands espaces légèrement boisés où les biches gambadent librement. En troupeau, elles hésitaient à détaler lorsqu’elles entendaient notre moteur. Un magnifique spectacle. 

Les grues de Tsurui

Arrivée à Tsurui, ambiance soir d’été avec une magnifique lumière de fin de journée, les conditions étaient idéales pour faire de belles photos des grues. Le décor était tellement magique qu’il nous était difficile de partir. Les grues se pavanaient sous l’œil des photographes venus, comme nous, profiter de ses instants de beauté naturelle. C’est la lueur du crépuscule qui nous a ramenés à la réalité : il était temps de rentrer. 

Nous y sommes également revenus le lendemain matin. 

Nous avons passé rapidement le reste du sud de l’île car nous avions déjà bien profité de cette partie lors de notre road-trip précédent.

La colline du Bouddha et les Moai

Nous avons tout de même fait une escale un peu en dessous de Sapporo, à Takino. Nommée « Colline du Bouddha », cet endroit abrite une immense statue dont seul le sommet de sa tête est visible de l’extérieur. En position de méditation, jambes croisées, elle prône majestueusement dans une architecture de béton. C’est l’architecte Tadao Ando, également créateur de quelques musées sur l’île de Naoshima, qui a réalisé cet abri, mélange de modernité et de nature. Effectivement, en été, la tête se dresse au milieu des plants de lavandes et en hiver, elle se pare d’un manteau blanc neigeux. 

Grande surprise pour nous et surtout interrogation, ce sont les statues Moai à l’entrée du site. La cohabitation de ses deux univers différents rend le lieu plus mystérieux et curieux. Une super escale que l’on aurait aussi bien appréciée en été avec les fleurs. 

Des adieux avant de quitter l’île

Nous voilà revenus à notre point de départ, notre lodge. Nous disons au revoir une dernière fois à nos collègues, prenons un rapide repas et continuons notre ronde d’adieux. On passe remercier grandement le lodge d’à côté pour leur aide précieuse. Viennent ensuite notre employeur et sa femme qui nous ont fait confiance alors que nous n’avions aucune expérience.

Mais le moment le plus émouvant aura été nos au revoir avec notre famille d’accueil japonaise. Après un bon thé, de délicieux scones et quelques parties de cartes dont les règles nous échappent encore, nous sommes sur le perron à dire au revoir. Pas encore de gestes barrières, une accolade et nous voilà remontés dans notre voiture. Le moteur démarre, nous voilà partis, et suivis par les plus grands, leurs grands signes d’adieu se reflètent dans nos rétroviseurs. À ce moment précis, on se demande si on croisera leurs chemins un jour, à quel point ils auront grandi. Nous arrivons au bout de l’allée, plus personne derrière nous. C’est le premier moment où l’on se rend compte que nous sommes déjà sur la fin de notre séjour. On ne se dit plus « on revient bientôt » mais on se demande plutôt quand on reviendra. 

Otaru et le ferry pour Honshu

Notre dernière journée et nuit se passent à Otaru. On se promène dans les rues sous un beau soleil, à la recherche des derniers souvenirs que l’on souhaite garder de Hokkaido. Nous longeons le canal central où de vieilles bâtisses et entrepôts bordent la rive opposée. 

On en profite pour voir aussi le musée de la banque. C’est en japonais mais certaines parties sont en anglais. De plus le sujet n’est pas très compliqué. Il prend place au sein d’une ancienne banque où l’on peut voir les anciens comptoirs et coffres-forts. 

Notre chasse aux souvenirs nous a conduit un peu à l’extérieur de la ville où l’on a pu observer la côte et un banc de phoques profiter des rayons de soleil. 

Après un repas à notre restaurant de nouilles bonnes et pas chères (Nakau), nous embarquons direction Honshu, l’île principale. Derrière nous Hokkaido, une île où il fait bon vivre, entouré de grands espaces, de nature et d’animaux.