Nous avons roulé sous une pluie battante et des vents violents. Une ambiance qui collait parfaitement à notre traversée du pont Ônaruto. Ce pont suspendu, avec le pont Akashi, permet la liaison entre Honshu, l’île principale, et Shikoku, la plus petite des 4 îles principales du Japon. De nombreux courants entre les marées de la mer intérieure et l’océan Pacifique ont rendu sa construction extrêmement compliquée.

Petite anecdote, le personnage de manga Naruto Uzumaki tire son prénom du pont et son nom de l’entreprise qui l’a construit (Uzumaki Hurricane).

Nous posons nos valises à Takamatsu pour 4 jours, pour nous permettre de nous reposer de notre rythme effréné. Arrivés pour midi, nous avons profité un peu de la ville avant de nous rendre à notre auberge de jeunesse. Située proche de la gare et du port, elle offrait un excellent point de chute à nos différents projets de voyage. 

Nous avons commencé par visiter l’île de Naoshima. Sans le savoir, nous sommes tombés pendant la Triennale de Setouchi, un festival international d’art contemporain. En raison de l’événement de nombreux endroits étaient complets ou uniquement sur réservation. Nous avons tout de même pu voir la Benesse House, musée dont l’architecture vaut le coup d’œil. Les œuvres intérieures sont toutes aussi intéressantes pour ceux qui sont sensibles à ce type d’art. 

L’île contient de nombreuses œuvres en extérieur et accessibles gratuitement. Nous avons marché d’œuvre en œuvre sous un temps magnifique. La mer, les ponts et le ciel se confondaient au loin, sur la ligne d’horizon. 

Nous nous sommes pris en photo bien évidemment devant les pumpkins (citrouilles) de Yayoi Kusama. La même citrouille était d’ailleurs présenté sur la place Vendôme à Paris pour la FIAC 2019.

Une journée bien loin du repos que l’on aspirait.

Dans les jours suivants, nous avons visité un écomusée représentant un ancien village. À l’occasion de la triennale, de nombreuses œuvres se mêlaient à ce village pour raconter de nouvelles histoires du monde entier. 

Un pont de lianes accueille les visiteurs à l’entrée. Nous sommes tous un peu retombés en enfance en le traversant, tels des aventuriers. Une bouteille à la mer contenant une valise donnait une dimension toute particulière au lieu.

Au sein de l’écomusée se trouve également un musée “classique” avec des peintures. Mais son intérêt principal (d’après nous) réside dans sa fontaine extérieure. Sa structure en escalier nous a surpris par sa simplicité et son intégration dans la colline et car on l’entend bien avant de voir son étendu et son architecture.

Nous avons également pu visiter le magnifique parc Ritsurin Koen. Très bien aménagé, à la limite d’une colline verdoyante. Un vrai paradis en ville.

Après quelques promenades dans la ville et ses rues commerçantes, nous avons pris la route vers Kotohira afin de monter les 1368 marches du Konpira-san. Cette escalade nous emmène vers le haiden, sanctuaire intérieur du Kotohira-gu, un important sanctuaire shinto. 

Mais Claire avait d’autres plans, au détour d’un tournant, elle jette la voiture dans une rigole de plus d’un mètre de long et de profondeur. En équilibre instable dans le vide, à notre sortie, elle a commencé à s’enfoncer plus. Un éclair de génie, de la part de la sœur de Vincent, nous a tirés d’affaire. Nous sommes parés pour les pistes de la Mongolie.

À toi qui nous lis, voici l’astuce. Situation : ta voiture est en équilibre dans le vide car une roue s’est fait la malle et a voulu voir du pays. 

  1. Prendre les passagers, si tu en as, ou des badauds. 
  2. Place-les de façon à ce qu’ils fassent contrepoids. C’est-à-dire, sur le côté opposé à ta roue qui ne palpe plus le sol. 
  3. Place-toi au volant. 
  4. Recule gentiment. 
  5. Prie pour que cela fonctionne comme pour nous. 

Cette mésaventure derrière nous, nous avons gravi les marches jusqu’au sanctuaire en passant au milieu de nombreux commerces plus ou moins touristiques. Fatigués de nos aventures, la redescente aura ouvert notre appétit. Il était temps de manger de bons udons et de chercher quelques souvenirs. 

Avant de repartir, une dernière visite restait à faire. Un ancien théâtre Kabuki reconverti en musée afin de nous montrer les coulisses et astuces de cet art japonais. Faisant écho à nos souvenirs passés et récents en matière de Kabuki, nous avons surtout appris comment se déroulait une pièce, de l’accueil du public à la posture finale. 

Notre guide avait une énergie incroyable et a rendu la visite excitante et plus réelle : nous étions les acteurs temporaires de ce vieux théâtre. De comédien à machiniste en passant par spectateurs ; dessus, dessous et devant les scènes, de nombreuses coutumes et d’impressionnants effets nous ont été révélés. 

Une visite à ne pas manquer.