C’est sur une nouvelle île, déjà foulée brièvement en octobre dernier, que nous continuons notre aventure. Shikoku, littéralement “4 pays”, était divisée en quatre provinces avant l’ère Meji qui sont devenues aujourd’hui les quatre préfectures de l’île. C’est également la seule des îles principales du Japon qui n’a aucun volcan.

Nous débarquons tard à Misaki à l’extrême-ouest de l’île. Après une nuit dans une aire de repos, nous prenons la direction du cap Ashizuri, point le plus au sud de Shikoku. Bien que le temps ne soit pas des plus agréables, le littoral escarpé et découpé de l’océan Pacifique reste magnifique.

En arrivant au cap, nous y découvrons notre premier temple du pèlerinage de Shikoku. En effet, l’île est célèbre pour son pèlerinage de 88 temples consacré à Kōbō-Daishi, fondateur du bouddhisme Shingon (1200 km). Nous découvrons donc le 38e temple : le Kongōfuku-ji. Nous croisons quelques pèlerins japonais et étrangers en tenue traditionnelle. Ce temple est séparé du temple précédent par 85 km, c’est la plus grande étape du pèlerinage et elle s’effectue en moyenne en 30 heures de marche.

Nous reprenons la route en suivant le littoral au maximum et admirons les côtes et plages que nous croisons. Quelques surfeurs bravent le mauvais temps pour profiter des vagues de l’océan Pacifique. Shikoku dispose de nombreux spots de surfs apparemment connus des amateurs.

Avant de rejoindre la capitale de la préfecture dans laquelle nous nous trouvons, Kōchi, nous faisons un bref arrêt dans le 36e temple du pèlerinage qui se situe à proximité. Il s’agit d’un temple fondé par Kōbō-Daishi à son retour de Chine durant l’ère Kōnin (810-824).

Nous visitons ensuite le château de Kōchi. Sur une colline, il surplombe la ville. Malheureusement notre visite aura été courte car, en raison du coronavirus, le château est fermé au public. Seuls les jardins sont accessibles.

Nous prenons la direction de l’intérieur de l’île pour visiter la vallée de l’Iya. La journée étant déjà bien avancée, nous nous arrêtons dans un camping perché au sommet d’une montagne. Probablement une des routes les plus sinueuses, étroites et longues que nous ayons eues à utiliser. En arrivant notre voiture faisait de l’hyperventilation… Mais le jeu en valait la chandelle car la vue était magnifique. La nuit aura été quand même (beaucoup) plus froide que les dernières nuits en bord de mer.

Lendemain matin, réveil aux premières lueurs de la journée, comme d’habitude. Nous redescendons la montagne et rejoignons la vallée de l’Iya. Cette vallée est très isolée. Bien que sa partie ouest, plus accessible, se soit grandement modernisée, la partie est est restée assez épargnée et conserve un aspect traditionnel et un aperçu de ce qu’était le Japon.

Nous commençons par aller voir le “Manneken-pis” local qui représente une ancienne tradition (légende ?) de la vallée. En effet, les voyageurs et les enfants venaient sur ce rocher particulièrement vertigineux y faire leur affaire pour prouver leur courage.

De notre côté, nous avons été un peu déçus par cette vallée. Nous ne nions pas sa beauté et son isolement qui en font un lieu tout à fait particulier. Le fait qu’on y soit allé hors saison a sûrement joué un rôle dans cette déception. En effet nous avons opté pour aller dans la partie la plus isolée de la vallée, mais tout était fermé. Même l’accès aux deux ponts de lianes, objectif principal de notre visite, au fond de la vallée était impossible. Nous avons voulu nous remonter le moral en prenant un monorail pour un tour original dans la montagne, fermé aussi… Petite consolation avec notre passage dans le village de Nagoro qui compte plus d’épouvantails que d’habitants. Ces épouvantails ont tous été créés à la main par une résidente du village, Ayano Tsukimi, fatiguée d’assister à l’exode des habitants. 

Le pont de liane de la partie ouest de la vallée était bien ouvert, mais le fait de payer 5€ pour traverser un pont de 10 mètres ne nous enchantait pas tellement, nous avons préféré continuer notre route.

Le périple reprend, nous nous dirigeons de nouveau vers les côtes de l’océan Pacifique.